Les actifs auxquels il manque des trimestres doivent se poser la question de la pertinence d'un rachat. Son coût est fiscalement déductible. Ce qui améliore fortement la rentabilité de l'opération pour des assurés très taxés.
Au cours de votre vie professionnelle, en tant que salarié du privé, fonctionnaire, indépendant, etc., vous avez cotisé à un (ou plusieurs) régimes de retraite de base qui vous ont permis d’engranger des trimestres.
Les règles diffèrent : par exemple, les salariés du privé doivent cotiser 600 heures de Smic horaire par an (soit 6.150 euros en 2021) pour valider quatre trimestres. Vous pouvez vérifier à tout moment le nombre de trimestres déjà acquis sur votre relevé de carrière.
Avec ce décompte, vous pouvez estimer l’âge de votre retraite à taux plein ou le nombre de trimestres manquants pour y parvenir à 62 ans(1). L'intérêt du taux plein ? Obtenir une retraite de base sans décote (1,25% en moins à vie par trimestre manquant) et une retraite complémentaire sans minoration.
Pour combler les trous, une solution s'offre à vous : le rachat de trimestres. «Les demandes de rachats sont fréquentes, mais il n'est pas profitable pour tous les actifs», souligne d'emblée Pascale Gauthier, directrice associée du cabinet Novelvy Retraite. Voici cinq conseils pour savoir si vous avez le profil du candidat au rachat.
1 - Vérifier son éligibilité
Avant de racheter des trimestres, vérifiez avant tout s’il vous en manque et combien ! Problème : le relevé de carrière comporte parfois des oublis.
À l’instar des trimestres pour enfant (huit pour chaque enfant né ou adopté avant 2010) accordés aux salariés, ceux pour congé parental ou pour l’éducation d’un enfant handicapé. Pensez aussi à rajouter les trimestres accordés aux aidants familiaux ou à la majoration pour le service militaire qui fait gagner quatre ou cinq trimestres.
Examinez ensuite les années incomplètes, celles où vous n’obtenez pas les quatre trimestres. Il y a peut-être des oublis : petits boulots, intérim, congé maladie, etc. C’est le moment de ressortir tous vos bulletins de salaire, attestations Assedic ou Pôle emploi et d’indemnités journalières que vous conservez précieusement depuis tant d’années !
Après cet inventaire minutieux, il vous manque toujours des trimestres ? Vous êtes peut-être éligible au rachat. Ainsi, vous pouvez racheter jusqu'à douze trimestres manquants au titre des années civiles incomplètes (temps partiel ou job étudiant avec cotisations insuffisantes) et des années d’études post-bac : attention, seules celles validées par un diplôme sont éligibles.
Depuis 2015, un tarif préférentiel (dès 670€ pour un trimestre en option 1, lire plus loin) est accordé aux jeunes pour racheter quatre trimestres dans les dix ans après la fin de leurs études. Les stagiaires en entreprise peuvent aussi valider deux trimestres dans les deux ans qui suivent le stage moyennant le versement d’un forfait de 411€ en 2021. Tentant, mais risqué de s'engager dans l'aventure plusieurs décennies avant la retraite. Pour gagner du temps avant de vous décider, «n'envisagez le rachat de trimestres qu'à la fin de la période des dix ans», suggère Pascale Gauthier de Novelvy Retraite.
Autres trimestres manquants rachetables : les années d’expatriation. Deux conditions : avoir cotisé à un régime obligatoire français d'assurance maladie pendant au moins cinq ans et en faire la demande moins de dix ans après le retour en France.
Enfin, le rachat Madelin vise les indépendants cotisants à la Sécurité sociale des indépendants (ex-RSI) ayant déclaré des revenus insuffisants pour cotiser. «Ce rachat considéré comme une cotisation arriérée est moins onéreux que les autres et, à ce titre, plus intéressant», selon Valérie Batigne, présidente-fondatrice de Sapiendo Retraite.
2 - Évaluer l’intérêt d’un rachat
Surtout, ne rachetez pas des trimestres pour rien ! «Le rachat n’a d’intérêt que pour obtenir le taux plein naturel, il ne permet pas d’augmenter ses revenus et ne sert à rien pour ceux à qui il manque plus de douze trimestres !», rappelle ainsi Marilyn Vilardebo, fondatrice du cabinet Origami&Co.
À l’évidence, l’impact sera plus intéressant pour une pension de 5.000€ par mois que de 2.000€. De même, le rachat de trimestres étant déductible des revenus, vous en profiterez d’autant plus si vous êtes fortement imposé, dans la tranche à 41 ou 45 %.
Enfin, en rachetant des trimestres pour atteindre la retraite à taux plein dès 62 ans, vous aurez le droit au cumul emploi retraite sans plafond. Un calcul non dénué d'intérêt pour les indépendants ou les salariés qui, quoi qu’il arrive, décident de poursuivre leur activité professionnelle bien au-delà de la retraite.
3 - Ne pas se précipiter
Le barème du rachat d'un trimestre varie, notamment, selon l’âge : plus vous attendez, plus c’est cher. Cependant, mieux vaut ne pas se précipiter ! La réforme des retraites avec un éventuel report de l’âge légal de départ à 64 ans (à partir de ceux nés en 1961), voire plus tard, est dans tous les esprits.
«Le rachat de trimestres deviendrait alors complètement inutile», selon Pascale Gauthier de Novelvy Retraite. En 2011, quand l'âge légal est passé de 60 à 62 ans, certains assurés ayant effectué des rachats se sont retrouvés avec plus de trimestres que nécessaire ! «Heureusement, les rachats ont été remboursés. Mais la prochaine fois, qui sait quelles seront les conditions?», poursuit l’experte de Novelvy Retraite. Hormis pour ceux qui sont proches de la retraite, pour tous les autres, il est urgent d’attendre.
Gare cependant à ne pas s'y prendre à la dernière minute : «Les caisses de retraite peuvent mettre entre dix et dix-huit mois avant d'envoyer le devis de rachat de trimestres. Autrement dit, on n’attend pas la veille de ses 62 ans pour racheter !», conseille Marilyn Vilardebo du cabinet Origami&Co.
4 - Préférer l'option 1
Déterminé selon l’âge et les revenus des trois dernières années, le coût de rachat d’un trimestre dépend également de l’option de rachat retenue. Il en existe deux : le rachat «pour le taux» (option 1) ou le rachat «pour le taux et la durée d'assurance» (option 2). Leur coût est établi selon un barème publié tous les ans. Sur le site d'info-retraite, vous pouvez évaluer combien vous coûte le rachat d’un trimestre (en option 1 ou 2) au jour La première option sert uniquement à réduire ou supprimer la minoration du taux plein (ou décote). En 2021, le rachat d'un trimestre en option 1 varie de 1.055€ (si le demandeur a 20 ans) jusqu’à 4.510€ à 62 ans et un revenu supérieur à 41.136€.
La deuxième option permet de réduire la décote mais aussi d'augmenter la durée de cotisation prise en compte pour le calcul de la pension du régime de base. Problème, elle est beaucoup plus chère que l’option 1: un trimestre coûte alors jusqu’à 6.684€ pour un salarié de 62 ans. À un tel tarif, dans la plupart des cas, l’investissement n’en vaut pas la chandelle.
5 - Calculer en combien d’années l’opération sera rentabilisée
Pour calculer la rentabilité d’un rachat de trimestres, il faut simuler sa pension sans rachat et avec rachat et calculer en combien d'années vous aurez remboursé l'investissement. Selon Pascale Gauthier, «auparavant, un rachat de trimestres était rentabilisé en huit à neuf ans, maintenant il faut plutôt dix à douze ans». La décote du régime général combinée au malus de l’Agirc-Arrco de 10% pendant trois ans est passée par là.
Ce rachat de trimestres est entièrement déductible de votre revenu imposable et son paiement peut s’étaler sur plusieurs années. L'économie d'impôt est à intégrer dans le calcul de rentabilité tout comme la taxation du surcroît de pension le moment venu.
Une astuce : partir à l’âge légal avec un trimestre de moins. S'il vous manque quatre trimestres, n’en rachetez que trois: vous aurez une minoration de 1% sur votre retraite mais pas le malus de 10%.
Or, «le plus souvent 1% en moins à vie vaut mieux que 10% de moins sur trois ans», estime Pascale Gauthier. Cette stratégie est surtout pertinente pour les grosses pensions, dont le niveau de retraite Agirc-Arcco est proportionnellement plus élevé : le malus de 10% sur les trois premières années, qui porte sur la part complémentaire, sera d'autant plus pénalisant. Tout dépend aussi de vos projets et de vos besoins financiers en début de retraite.
Enfin, les expatriés peuvent s'intéresser aux rachats dans le pays où ils ont cotisé. Par exemple, en Belgique, le système de rachat de trimestres est moins cher qu'en France. En revanche, vous ne pourrez pas le déduire de l'impôt français.
À vous de mesurer l’intérêt de cet investissement relativement coûteux: «Il faut calculer le montant de retraite annuel qu’il procure. En fonction, on décide ! », conseille Valérie Batigne de Sapiendo Retraite. Rentable si vous obtenez plusieurs centaines d’euros par an, mais inutile pour quelques euros de plus. Placer votre épargne sur un contrat d’assurance vie primé par Le Revenu aura à long terme souvent plus d'impact sur vos revenus futurs .
Source : lerevenu.com
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